Méditation Théologie

Emmanuelle Seyboldt : Espérer en temps de crise…

©lacroix

« Alors le Royaume des cieux ressemblera à dix jeunes filles qui prirent leurs lampes et sortirent pour aller à la rencontre du marié. » (Matt 25,1, NFC).

Vous connaissez la suite. Le marié tarde à arriver, les jeunes filles s’endorment et sont réveillées au milieu de la nuit. Cinq avaient pris une réserve d’huile pour rallumer leur lampe, les cinq autres n’en avaient pas pris. Alors que ces dernières partent acheter de l’huile, le marié arrive et elles trouvent porte close à leur retour.

Cette courte parabole prend du sens dans les temps que nous vivons. Au cœur de l’histoire, l’imprévu est maître. Rien ne se passe comme cela « aurait dû » se passer. Rien ne se passe normalement. Et les jeunes filles qu’on appelle « imprévoyantes » parce qu’elles n’ont pas pris de réserve d’huile, sont tout à fait sages, alors que celles qui sont dites sages, elles, ont imaginé ce qui n’arrive jamais. Elles paraissent déraisonnables.

Quelle huile devons-nous prendre en ce temps d’attente-espérance ?

La première huile serait peut-être celle d’un non-savoir. Les cinq jeunes filles qualifiées « d’avisées » sont celles qui n’ont pas jugé certaine l’heure précise de la venue du marié. Contre toute logique, elles sont restées ouvertes à la possibilité que tout ne se passe pas comme prévu.

Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Et ce non-savoir se vit dans la confiance. Je ne sais pas de quoi demain sera fait mais j’ai confiance en Dieu qui marche devant nous et qui vient à notre rencontre.

Le non-savoir est aussi un non-jugement. L’Eglise protestante unie est une Eglise qui accueille sans juger et qui affirme la grâce offerte inconditionnellement à quiconque croit. De cette grâce, nous ne sommes pas comptables. Voyez les dix jeunes filles. Elles se sont endormies toutes les dix. Elles n’ont pas fait mieux les unes que les autres. Mais quand elles s’éveillent, elles sont mises devant leur propre responsabilité. Et ce n’est pas le moins difficile de la parabole. L’huile ne peut pas être partagée. Chacun, chacune se présente pour lui-même, chacun, chacune est responsable de ses choix.

Non-savoir, non-jugement et responsabilité personnelle, voilà qui trace rapidement comment se vit l’espérance.

Si l’espérance est attente d’un autre temps, ce n’est pas pour nous inviter à « quitter ce monde » mais pour mieux nous y renvoyer, pour y vivre autrement.

Pasteure Emmanuelle Seyboldt

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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